Escapade Saint Louisienne
Départ à 16h30 en minibus d’une des gares routières de Dakar direction Saint Louis pour passer le week end avec des amis.
Durée annoncée du voyage : 5 heures, Durée réelle : 9. Bon ça commence mal ! Quoique pas tant que ça car je suis accompagnée du roi du thé Salam Ba qui est aussi Saint Louisien.
Ce long voyage est l’occasion de discuter plus longuement avec lui, de passer le dernier n’dogou dans le minibus à partager dattes et gateaux avec tous les passagers. J’aurai bien essayé de dormir à la sénégalaise la tête dans le bras appuyée sur la banquette de devant mais mon voisin de devant avait décidé de dormir à la française tête en arrière avec bouche ouverte et petit filet de bave … pas grave ! J’aime bien discuter de toute façon !
Un vrai moment de convivialité que l’on a pu déguster sans modération étant donné le temps que l’on a passé assis sur la banquette, non sans rire 9 heures c’était trop !!
Heureusement à notre arrivée (2h30 du matin) les boys nous attendaient …pas, parce que c’était une surprise !! Mais avaient préparé un bon thé que l’on a partagé tout en se racontant les anecdotes du voyage.
De gauche à droite Badara, Salam, Am et Abou
Dur dur d’aller se coucher quand on est parti dans une conversation avec des sénégalais. Résultat : 2h30 de sommeil avant de se lever pour le jour de la Korité. Journée fort agréable avec de nouvelles rencontres dont Coumba, la tante de Salam, Mamy et Anna, ses cousines mais aussi encore et toujours des nouveaux boys Amadou alias Am le sage et ses frères Cheikh et Abib. J’ai aussi retrouvé Abou que je connaissais déjà, rencontré à Dakar un mois et demi plus tôt et à qui on voulait faire la surprise de venir.
Pas le temps de trainer, il faut s’ateler à la cuisine et c’est autour de la préparation du n’ga lax que je fais connaissance avec Mamy, elle me montre tous les ingrédients du plat dont le pin de singe, la fleur d’oranger, la pate d’arachide au chocolat, l’eau, l’arachide, le sucre, des raisins et j’en passe. Mamy me charge de tamiser la préparation, ce que je fais en me tachant partout évidemment, mais la téranga sénégalaise vient à ma rescousse et en moins de 2 minutes Mamy me prête un magnifique pagne vert que j’avais encore plus honte de tacher. Après un ou deux « mais Agathe c’est fait pour ça » je décomplexe et finis de tamiser.
Tamisage du n'ga lax avec Mamy
Une fois le n’ga lax réalisé je dois faire des frites ! NO SOUCY ça je sais faire ! Mais j’ai beau faire la maligne le naturel reprend le dessus et je m’applique tellement à l’épluchage et au découpage des pommes de terre que je me fais une bonne cloque sur le doigt pffff mes cousins diraient « ho la fille de la ville ! ».
Mais mission est accomplie, mes frites sont très belles et Mamy est fière de moi. Matinée écoulée, les garçons rentrent de la prière de 9h et tout le monde mange le n’ga lax préparé avec amour. Je remarque une certaine fatigue de la part de tout le monde en cette fin de ramadan, un mois de jeun ce n’est pas rien, donc l’après midi est consacrée à la détente, au repos, aux visites des amis et des proches pour se souhaiter une bonne korité et bien sûr à un bon thé ! Ce que je ne vous ai pas dis c’est que Salam est le disciple de Am dans ce domaine donc mon palais est ravi !
Jour n°2 : grasse matinée obligée après si peu de sommeil accumulé ! L’après midi Salam et Am me font découvrir le centre ville de Saint Louis. Ça veut dire traversée du célèbre pont Faidherbe, maisons coloniales, quartier des pêcheurs guet N’dar (N’dar = Saint Louis), place Faidherbe avec la maison du gouverneur.
Pont Faidherbe avec ces 7 arcs
Guet n'dar
Une visite guidée très simpa qui se termine par une prise en fillature d’un chien errant dont les garçons avaient peur et qui m’a donné un bon fou rire sur les bords du fleuve.
Le soir, rencontres avec de nouvelles personnalités dont Sat qui apprend les techniques de maraichage avec un immigré américain et à qui je peux conter mes aventures petits pois sans risquer de le faire bailler. Bref encore une soirée d’échanges autour de quoi devinez ? D’un thé évidemment !
Mais cette fois ci le thé ne précède pas le dodo mais la piste de danse oui ça y est enfin !!!!! Je vais danser !!!! En route vers la chaumière, boite In de Saint Louis. Je suis effrayée à l’idée de me retouver au milieu de jeunes qui savaient danser avant de marcher mais tellement excitée de découvrir le mbalax et l’ambiance d’une boite de nuit à l’africaine !
Expérience loin d’être décevante ! Je m’en sors pas mal sur la piste, m’émerveille devant la manière de bouger des sénégalais, perds environ la moitié de l’eau de mon corps, ris de moi quand il s’agit de m’initier aux mouvements d’ici et ressors ravie et exténuée de cette soirée de folies.
Salam, Am et moi aprés notre soirée dansante
Le lendemain j’ai envi de dire « encore !! » mais non il faut être raisonnable un match de foot de quartier sera plu sage. Ambiance assurée dans le stade et le CCC, Carrefour Corniche Club qui gagne a ce soir fait la fierté de mes accompagnants supporters. Je me surprends à sauter du banc quand je sens qu’on peut marquer un but, j’aime peut être le foot finalement…
Lundi. Il est déjà temps de dire au revoir à mon ptit monde, je m’en vais en sachant que je reviens dans deux semaines donc même pas le temps de m’ennuyer de ce quartier saint louisien si accueillant, je ne pars pas le cœur gros.
Rao à 20 km au sud de Saint Louis m’attend pour une visite de terrain et je vais y rencontrer le frère de mon maître de stage, un horticulteur qui me conseillera pour la suite du projet sur lequel je travaille.
Encore une rencontre intéressante, ce monsieur me fait découvrir son jardin extraordinaire dans lequel pousse des citrons, des pomelos, des mandarines, des oranges, plein de plantes aromatiques comme le basilic (qui parfume le thé de sa fille humm divin !!), et tellement d’autres choses ! Il réalise même des expériences de greffes et il arrive à faire pousser sur un même arbre des citrons, des oranges et des clémentines, plutôt doué le bonhomme !
Vers 18h00 je monte dans un bus retour Dakar. Durée annoncée : 4 heures maximum, Durée réelle : 8 , la boucle est bouclée avec un concours de malchance, un bus qui tombe en panne, un qui nous abandonne à mi chemin, un qui crève et nous ramène finalement aux abords de Dakar où un ami de la famille vient me chercher en voiture.
Eprouvant le voyage ! Rajoutons à cela un contrôle d’identité de tous les passagers du car à Thiès au cours duquel tout le monde a retenu sa respiration en regardant un jeune sortir de son bagage un énorme sac d’un végétale à feuilles séchées non identifié….OUF c’est du céleri !! Fou rire incontrollable de plusieurs passagers du bus (dont moi) tout en essayant d’être discret pour ne pas vexer le policier qui a failli faire une belle prise.
Un voyage qui m’a encore montré la bienveillance des mamans sénégalaises. Une femme déjà d’un certain âge, ne parlant pas le français, m’a pris sous son aile pendant tout le trajet. Elle ne m’a pas quitté d’une semelle voyant certains passagers tout fous d’acceuillir une toubab, m’a trouvé une place où m’asseoir dans chaque bus où nous sommes montées. Bref un ange !
Retour au travail mardi dans la matinée, accueil simpa de mes petits colègues à qui j’ai apparemment manqué, y a-t-il un endroit au Sénégal où je ne suis pas contente d’aller ?
Coumba et sa petite fille Anna
Mamy et Anna sur leur 31 le soir de la Korité